En pleine actualité, le Brexit ou le poids de l’Histoire

Un moment même où les députés britanniques rejetaient l’accord négocié entre Theresa May et l’Union européenne (par 432 voix contre et 202 voix pour), René Prioux, conseiller municipal délégué aux Relations internationales, donnait mardi 15 janvier, à l’hôtel de ville, devant une centaine de participants, dont Natalia Pouzyreff, députée des Yvelines, et de nombreux élus, une conférence sur le Brexit, en l’inscrivant dans une perspective historique.

Angleterre, Grande-Bretagne puis Royaume-Uni

Déroulant le fil de l’histoire depuis les invasions anglo-saxonnes du premier millénaire, René Prioux a expliqué comment la terre des Angles (l’Angleterre), naquit au Xe siècle, et comment les peuples anglo-saxons firent corps avec le sol qu’ils avaient conquis.“L’Anglais et son île ne font qu’un”, a-t-il résumé, citant l’essayiste américain Emerson, “et ce mélange alchimique entre des peuples à la bravoure légendaire et l’île protectrice, leur permirent de repousser toutes les tentatives d’invasion”. étendant progressivement leur domination aux îles britanniques, donnant naissance à la Grande-Bretagne puis au Royaume-Uni grâce à leur maîtrise des mers, ils bâtirent un empire “si vaste que le soleil ne s’y couchait jamais”.

“Splendide isolement”

Pour mieux comprendre les valses-hésitations britanniques à l’égard de la construction européenne, le conférencier a rappelé plusieurs chiffres : “Il y a un siècle, trente ans à peine avant le lancement du projet européen en 1950, l’empire britannique comptait plus de 400 millions d’habitants sur un territoire d’environ 30 millions de km2 !” Depuis les années 1950, l’histoire a bousculé les Britanniques, tiraillés entre la poursuite de leur politique du “splendide isolement” - mise à mal, par l’affaiblissement de leur puissance (crise de Suez en 1956) et la distension des liens avec le Commonwealth (décolonisation) d’une part, et par le projet de construction européenne, d’autre part.

Renégociations, contestations, dérogations

Winston Churchill en a donné une illustration dès 1946, préconisant la constitution d’états-Unis d’Europe, mais... sans le Royaume-Uni !”. “La création de l’AELE (Association européenne de libre-échange) en 1960, en réponse à l’institution du Marché commun en 1957, suivie d’une première demande d’adhésion britannique à la CEE (Communauté économique européenne) dès l’année suivante, l’adhésion du Royaume-Uni en 1973, suivie d’une demande de renégociation dès 1974 et de la contestation de son niveau de contribution en 1979 - le célèbre “I want my money back” de Margaret Thatcher -, et les nombreuses demandes de dérogations et d’exemption (euro, Schengen...), dont le Royaume-Uni s’est fait le champion, sont la manifestation concrète de ces conflits qui taraudent les Britanniques”.

“Il reste plusieurs options”

Après avoir commenté le résultat du référendum de 2016, René Prioux a ensuite présenté les principaux points de l’accord négocié par Theresa May - dont le filet de sécurité lié à la situation de l’Irlande du Nord -, ajoutant que le Parlement allait certainement le rejeter. Ce qui fut en effet le cas moins d’une heure plus tard... Quelles sont, alors, les principales options restantes ? “Il y a le “no deal”, véritable saut dans l’inconnu ; un nouveau référendum pour laisser aux britanniques le choix de confirmer leur volonté de sortir de l’Europe, même sans accord, ou au contraire de faire marche arrière ; ou bien encore un accord du type de celui conclu par la Norvège,  l’Islande et le Liechtenstein, membres de l’espace unique européen”.


Brexit, History is now

At the moment when British deputies did not accept the agreement Theresa May had negotiated with the European Union (432 votes against and 202 in favour), René Prioux, city councillor for international relations, held a conference on Brexit, with a historical perspective,  on January 15th at the City Hall. Among the hundred participants, Natalia Pouzyreff, Yvelines deputy, and many representatives.

England, Great-Britain, then United Kingdom

Explaining history since Anglo-Saxon invasions during the first millennial, René Prioux explained how England was born in the 10th century, how Anglo-Saxon people melted with the land they had conquered. “An Englishman and his island are one, did he summarise, quoting the American essay-writer Emerson, “and this unity of people with legendary bravery and the protective island, allowed them to stop all invasions.” Progressively extending their domination to British isles, giving birth to Great-Britain then the UK by mastering seas, they built an empire “so great that the sun never set on it”.

“Splendid isolation”

So as to understand better  British hesitation towards European construction, the conference master quoted some figures: “A century ago, thirty years before the European project was launched in 1950, the British Empire had 400 million inhabitants on a territory of some 30 million m2!”. From the 1950s, history accelerated, making British torn between carrying in with their “splendid isolation” policy , weakened by the Suez crisis in 1956, and weaker bonds with the Commonwealth (losing colonies) on one hand, and the European construction project, on the other hand.

Renegotiating, contesting, derogating

“Winston Churchill gave an illustration in 1946, being in favour of United States of Europe, but without the UK!”. “With the UK joining the EU in 1973, a plea for renegotiation in 1974 anf contestation of the level of its contribution in  1979- Margaret Thatcher’s famous “I want my money back” and various pleas for derogation (Euro, Schengen)are concrete examples of conflicts in British citizens

“Various options left”

After commenting on the 2016 referendum results, René Prioux presented the main aspects of the agreement negotiated by Theresa May- with the necessary security  for the Irish border- adding that the Parliament would certainly reject it. Which indeed did happen an hour later… What options are then left?  “The “no deal”, a real jump in the unknown,; a new referendum so the British can confirm their wish to leave the EU, even without a deal, or to change their mind, or a deal like the ones with Norway, Island or Liechtenstein, members of the European Area.”

Julia Robinson