Hôtel des Maréchaux de Villeroy, 18 rue de la Salle

L’hôtel d’origine daterait de 1547 mais seule la cage d’escalier à colombages de la cour en témoigne. Il aurait été construit par Nicolas III de Neuville seigneur de Villeroy et prévôt des marchands, mort en 1598. Son arrière-petit-fils Nicolas V de Neuville (1597-1685), enfant d’honneur de Louis XIII, devient, en 1646, l’un des gouverneurs du roi Louis XIV et maréchal de France. Il est promu duc de Villeroy en 1651. Son fils François de Neuville (1644-1730), duc de Villeroy, qui fut élevé à la cour de France, devient gouverneur du roi Louis XV pendant la Régence. Cet hôtel est typique des constructions bâties sous le règne de Louis XIV : la cour pavée et les garde-corps sont des vestiges architecturaux de cette période. Les bâtiments sont composés de trois corps principaux dont deux ailes en retour avec d’anciennes écuries réinvesties en immeuble. Les élévations et toitures que l’on peut admirer sont classées au titre des Monuments historiques depuis 1972. Entre 1977 et 1980, le bâtiment subit une importante restauration, permettant d’entretenir le charme de ce lieu chargé d’histoire.

Description de l’hôtel actuel


L’hôtel d’origine pourrait dater de la fin du XVIe siècle mais seule la cage d’escalier à colombages de la cour est un vestige de cette époque. Son architecture est davantage liée au milieu du XVIIe siècle, époque à laquelle les Villeroy sont propriétaires. Les élévations et toitures que l’on peut admirer sont classées « Monument historique » depuis 1972. Ensuite, entre 1977 et 1980, le bâtiment connaît une importante restauration, permettant d’entretenir le charme de ce lieu chargé d’histoire.

Histoire


Selon le Dictionnaire de la noblesse de 1778 :« VILLEROY: Les Terres & Seigneuries de Villeroy et d'Alincourt furent données, en 1515, par Pierre le Gendre, Prévôt des Marchands de Paris, à son petit neveu Nicolas de Neuville, III du nom, qui fut aussi Prévôt des Marchands en 1566, fait Chevalier de l'Ordre du Roi, en 1572, par Charles IX, et mourut en 1598. Charles de Neuville, son petit-fils, fut créé Marquis de Villeroy en Janvier 1615, gouverneur du Lyonnois, et chevalier des Ordres, et mourut la nuit du 17 au 18 Janvier 1641. Ce fut en faveur de Nicolas de Neuville, V. du nom, son fils, Gouverneur de Louis XIV et Maréchal de France, que le Marquisat de Villeroy fut érigé en fa faveur en Duché-Pairie par Lettres du mois de Septembre 1651, registrées au Parlement le 15 Décembre 1663. Il fut fait Chevalier des Ordres le 15 Décembre 1661, et mourut à Paris en Novembre 1685. »

"Nicolas V de Neufville, marquis puis premier duc de Villeroy", gravure d'après Philippe de Champaigne, Photo (C) Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais
"François de Neufville, duc de Villeroy", gravure, Photo (C) Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais

Nicolas de Neuville, duc de Villeroy (1598-1685) est ministre d’État. Il débute à la cour comme enfant d’honneur de Louis XIII puis épouse Madeleine de Créqui en 1617. En 1656, il devient un des gouverneurs de Louis XIV et maréchal de France la même année. Il achète le bâtiment qui portera son nom le 11 avril 1547 et y réalise de gros travaux de reconstruction.

Son fils François de Neuville de Villeroy (1644-1730) est élevé avec Louis XIV. Ce dernier, en 1717, le fait gouverneur de Louis XV. Saint-Simon disait de lui en 1715, que « son esprit était court sans être pourtant bête et qu’il était plein de vent » (Saint-Simon, Mémoires, 1829, tome XII, p. 234). Il entre dans le conseil de Régence mais est pourtant disgrâcié en 1722. Le jeune Louis XV lui restera très attaché toute sa vie.

En 1735 l’hôtel est acheté par Gowin Othon Wehling de Vels (ou Welz), baron du Saint-Empire romain germanique (nom de l’Empire allemand de 1157 à 1806), lieutenant-colonel réformé à la suite du régiment d’infanterie allemand de La Marck et bourgeois de Neufchâtel en Suisse. Puis son fils, Louis Wehling baron de Welz, major du régiment allemand de La Marck (tenant le rang de lieutenant-colonel), le revend pour 20 000 livres en 1754 à Georges-René Binet qui était également propriétaire à la même période des hôtels de Conti et de Soubise.

Architecture


Le bâtiment est la propriété depuis le XVIe siècle de la famille de Villeroy. Il connaît des modifications sous la régence d’Anne d’Autriche. De nos jours, on distingue trois corps principaux dont deux ailes en retour avec d’anciennes écuries réinvesties en immeuble.
Lors de la vente du 5 mars 1735 au baron de Welz, qui est logé à Paris à l’hôtel de Lesdiguières, l’hôtel est : «  sise à Saint Germain en Laye rue de la Salle qui consiste en un corps de logis sur la rue appliqué a porte cochère, deux écuries, un étage carré au dessus et mansarde au dessus dudit étage, petite cour à droite à laquelle sont deux remises, aisance à côté et chambre de domestique au dessus et à gauche un autre corps de logis composé d’une salle et écurie au rez de chaussée, chambres de domestiques et grenier au dessus. Plus un corps de logis entre cour et jardin basti en partie de brique composé d’une grande salle, autre salle a manger, cuisine et cabinet en avant et hors d’œuvre, deux berceaux de caves sous la grande salle, et au dessus du rez de chaussée un etage carré composé de plusieurs pièces et cabinets qui sont hors d’œuvre tant sur la cour que sur le jardin. »

Il est reconstruit par l’architecte des Bâtiments du roi Pierre Victor Prieur, également chargé de la vérification des travaux des autres acquisitions de la famille Binet dans la ville.

"Plan du rez-de-chaussé de l'hôtel de Villeroy", dessin, 1766, Archives nationales

Il existe un plan de 1766 qui renseigne sur la distribution. Le logis principal se trouve en fond de cour et donne sur un jardin de parterres de fleurs. On entre dans la cour par un passage couvert. Des remises et écuries se situent à gauche dans la cour par rapport au logis, ces espaces de service conduisent à l’escalier principal et aux cuisines. Le bâtiment sur la rue est loué à des boutiquiers. Le logis principal est au rez-de-chaussée divisé en deux pièces : salle à manger et salle de compagnie avec son poêle. Ensuite au premier étage se trouvent les six appartements dont le principal est composé d’une antichambre, d’une chambre et d’un cabinet sur la cour. Le second étage est réservé aux greniers et aux espaces des domestiques.

Le bâtiment est transformé au XIXe siècle, seule la façade a été préservée.